TOP 5 DE FIN D’ANNÉE des bonnes nouvelles du sport (parce qu’il y en a eu !)

Votre newsletter du mois de décembre, entre deux papillotes.

Vent Debout
6 min ⋅ 20/12/2024

En attendant Miley…

Salut les ami·es,

Bon, on ne va pas se mentir, cette fin d’année a un petit goût amer, non ? Et particulièrement dans le monde du sport. Entre l’abandon des deux heures de sport hebdo supplémentaires au collège, le coût de rabot sur le Pass’Sport, et cet abandon un peu général de l’État envers les sujets sportifs, il est légitime de se demander si l’héritage des JOP n’est pas, d’ores et déjà, une belle coquille vide ! D’ailleurs, même le sociologue Guillaume Dietsch nous met en garde dans cet article publié sur AOC :

« En l’absence d’une stratégie claire et de moyens dédiés, le risque est que Paris 2024 reste une parenthèse en trompe-l’œil sans impact durable »

Guillaume Dietsch

Mais bon, pour suivre les conseils de la grande philosophe Miley Cyrus - « vous ne pouvez pas vivre une vie positive avec un esprit négatif », on vous a préparé notre TOP 5 des infos qui nous ont mis en joie en 2024 pour finir l’année sur une note un peu plus sympa. Allez, c’est parti !

  1. L’Association Le Grand Bleu, que vous pouvez découvrir dans l’épisode du podcast « Le sport pour tous, vraiment », a récemment ouvert un tiers-lieu dédié aux métiers de la mer dans les quartiers Nord de Marseille. Objectif : former davantage d’apprentis pour démocratiser l’accès à la natation. Bravo à eux.

  2. Le Marathon du Mont Blanc a fait évoluer ses conditions d’inscription pour l’édition 2025. Désormais, 40% de leurs dossards seront réservés à des participant·es qui viendront en train pour limiter les émissions de gaz à effet de serre de l’événement. Woop woop.

  3. Les JOP 2024 (évidemment). Avec un big up particulier à la cérémonie d’ouverture que seuls les représentants du RN ont détesté (preuve que c’était vraiment brillant) et aux 45 000 bénévoles volontaires qui à défaut d’être payés, se sont donnés à cœur joie tout l’été pour nous ambiancer. On les embrasse.

  4. Écouter Alexandre Jaafari (Coach oui Coach) dans l’émission La Dernière de Guillaume Meurice, Juliette Arnaud, Aymeric Lompret et Pierre-Emmanuel Barré, le 8 décembre dernier sur Radio Nova, c’était notre petit moment de joie inattendu. « Je pense qu’il y a une bataille politique pour la gauche à venir reprendre le thème du sport car les droitards le conquièrent et l’ont actuellement de manière passive ». On n’aurait pas dit mieux et c’était sans compter sur la fin de sa phrase. Un indice, ça commence par « sport » et ça se termine par « politique » <3

  5. Enfin, et pour rester sur ce thème politique, on notera qu’en 2024, les athlètes ont (de plus en plus ?) pris la parole sur des sujets importants : racisme, sexisme, droits des personnes LGBTQIA+, écologie, vie chère dans les Antilles, et même montée de l’extrême droite. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans des films, certains athlètes l’ont bien compris : avoir de l’influence, c’est avoir du pouvoir et ils comptent bien en user pour passer des messages en dehors des stades. On les encourage à poursuivre en 2025. Ils pourront compter sur nous pour en être les relais.

Merci de nous lire
Clothilde et Sylvain

Bientôt l’ouverture de la saison…

5 questions à…

5 Questions à…, où la rencontre d’un·e sportif·ve en carrière ou retraité·e, qui comme nous, pense qu’un autre sport est possible.

Sébastien Berthe,
Quand une communauté se soulève, elle peut avoir un véritable impact !

Grimpeur professionnel belge et spécialiste de grandes voies, Sébastien Berthe milite dès qu’il le peut en faveur des luttes sociales et écologiques. Membre de l’association ACTS (Action Collective de Transition pour Nos Sommets), il a été l’un des auteurs de la lettre ouverte adressée à la Fédération Internationale d'Escalade Sportive (IFSC) pour dénoncer l'organisation des Neom Beach Games en Arabie saoudite en 2023. Suite à l’annulation de l’édition 2025, on s’est dit qu’il était temps d’interroger ce grimpeur adepte des collants flashy.

Sébastien BertheSébastien Berthe

C’est quoi ta vision d’une pratique sportive écolo et stylée ?

Pour moi, une pratique sportive écolo est, par définition, stylée (rires). Par exemple, des amis à moi organisent une compétition internationale à Bruxelles, le Master of Fire (MOF), depuis trois ans. Pour limiter leur empreinte carbone, ils ont mis en place deux règles simples : 1) Ils ne remboursent pas les frais de déplacement des athlètes qui voyagent en avion ; 2) Seul·es celles et ceux qui voyagent sans avion peuvent remporter les prize money. C’est radical, mais réellement désincitatif, et je trouve ça stylé. C’est l’exact opposé des Neom Beach Games.

Quel est ton souhait pour l’avenir de l’escalade ?

D'abord, j’aimerais que l’escalade soit plus sobre, surtout en ce qui concerne les prises, qui sont majoritairement en plastique. Comme les marques sortent chaque année de nouveaux modèles, le renouvellement dans les salles est constant et produit des quantités de déchets. Alors qu’on pourrait chercher des alternatives dans l’éco-conception ou la récup. Je voudrais également que l’escalade se démocratise plus qu’elle ne se gentrifie. Si c’est génial que mon sport soit en pleine expansion, cela m’attriste de voir les petits clubs d’escalade disparaître alors que les salles privées prospèrent. Je préférerais voir se développer des clubs avec des politiques de prix libres ou solidaires pour rendre la pratique accessible à tous, plutôt que des salles dont le prix d’entrée moyen est de 15 €.

Enfin, il serait bien que les grimpeurs, pro et amateurs, arrêtent de voyager en avion notamment pour ces fameux trips en Afrique du Sud. Pour ma part, j’ai arrêté de prendre l’avion il y a quelques années et ma pratique n’en est pas moins passionnante. Je suis actuellement aux États-Unis pour travailler la Down Wall d’El Capitan, l’une des voies les plus difficiles au monde. J’ai fait le trajet en bateau avec des amis et ma copine et c’était une expérience incroyable. Même si ce n'était pas parfait, car pour l'anecdote, nous avons traversé l’Atlantique sur un catamaran de luxe qui a été convoyé jusqu'à Tahiti pour que des touristes européens puissent le louer à la semaine…

Qu’est-ce qui t’a donné envie de lier l’écologie à ta pratique ?

Depuis mes 8-10 ans, ma pratique de l’escalade est très liée à la nature car j'ai eu la chance d'être emmené dans des sites naturels. Que ce soit la météo, les périodes de nidification des oiseaux qui obligent à fermer certaines parois ou autres, je me suis toujours senti connecté à cet environnement. En prenant conscience des enjeux climatiques, cette connexion s’est vite transformée en un désir d’agir pour protéger ce que j’aime. C’est ce qui m’a amené à m’engager dans des mouvements de désobéissance civile en Belgique ou auprès des Soulèvements de la Terre en France.

Aujourd’hui, je me sens particulièrement concerné par les luttes sociales, car j’ai réalisé qu’elles sont intrinsèquement liées à l’écologie. Cela dit, j’avoue ressentir une certaine frustration, car j’aimerais investir plus de temps dans des projets comme ACTS, mais cela viendra… En attendant, j’utilise ma position de grimpeur professionnel pour sensibiliser et dénoncer les pratiques que je trouve scandaleuses dans le milieu de l’escalade, à l’image des Neom Beach Games. Je me réjouis de l’annulation de l’événement, même si j’aurais préféré que cela soit dû à un retrait de l’IFSC. Mais vu son manque de réaction face à ce problème, c’est sans doute le boycott des grimpeurs internationaux qui a réellement poussé les organisateurs à annuler. C’est ce que j’aime à croire : que quand une communauté se soulève, elle peut avoir un véritable impact.

Pourquoi le sport est politique ?

Je crois que le sport a toujours été politique, c’est une réalité historique. Dans l’alpinisme, par exemple, qui est l’ancêtre de l’escalade, les grandes puissances européennes se sont livrées à une véritable course aux sommets, dans le but de gravir en premier l’Everest ou le K2. Cela, pour des raisons politiques et de prestige. Mais au-delà de ça, je pense qu’il serait formidable que les sportifs s'engagent davantage pour faire advenir un monde plus juste car nos communautés sont puissantes et pourraient avoir un impact considérable. Nous pourrions par exemple envisager de faire pression sur Israël en l’empêchant de participer aux compétitions internationales, comme cela a été fait avec la Russie à la suite de la guerre en Ukraine.

Une recommandation de film, de livre ?

Je pense au livre qui nous a accompagnés sur le bateau pendant toute notre traversée de l'Atlantique : « Pour une écologie pirate » de Fatima Ouassak. Et sinon, mon film « Cap sur el Cap » qui retrace notre aventure d'il y a trois ans et qui, selon moi, montre qu’il est possible et passionnant d'explorer de nouvelles façons de voyager et de pratiquer son sport.

En vrac

Session de rattrapage pour toutes celles et ceux qui n’ont pas pu se déplacer au Festival Femmes en Montagne organisé fin novembre à Annecy. Vous avez jusqu’au 6 janvier pour prendre votre pass et visionner les films sélectionnés au coin du feu. Il y en a pour tous les goûts : certains parlent d’aventure et de performance, quand d’autres mettent l’accent sur les mécanismes de sororité et la place des femmes dans le milieu outdoor. Sans oublier les films qui abordent des sujets de société telles que la grossophobie, le sport-thérapie, les réfugié·es, etc. Bref, n’attendez pas le dernier moment, car vous avez plus de 10 heures de contenus exclusifs à découvrir. Et c’est canon de pouvoir écouter et regarder des femmes évoluer dans ces milieux, alors qu'elles sont encore si mal représentées !

À l’agenda

Clothilde interviendra sur la conférence, “Escalade : un sport de gauche ?” le dimanche 12 janvier au Salon de l’Escalade à Paris (porte de Versailles) de 12h30 à 13h30. Pour prendre sa place, c’est ici.

Et le vendredi 31 janvier à l’Académie du Climat (Paris), sur la table-ronde “Visibilité et influence : le rôle des médias face à l’urgence climatique”. Une conférence organisée par l’ANESTAPS dans le cadre de la Semaine Nationale du Sport et de l’Environnement 2025.

C’est tout pour ce mois de décembre

On vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année et on vous dit à dans un mois.

À bientôt et n'hésitez pas à partager cette infolettre à vos ami·es & à nous laisser des commentaires en répondant directement à cet e-mail, on lit tout !

Vent Debout

Vent Debout

Par Clothilde Sauvages

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