Tout bloquer

C'est le mot d'ordre de cette rentrée qui a circulé comme une traînée de poudre pendant plusieurs semaines avant d'emporter le gouvernement Bayrou, lundi 8 septembre.

Partout, pour lutter contre l'austérité budgétaire qui s’installe et l'autoritarisme grimpant, le mouvement social s’est organisé : dans les transports, les universités, les hôpitaux, les sites industriels, etc. Des milliers d’actions ont été planifiées pour ce mercredi 10 septembre, allant du blocage de périph à des bals populaires, en passant par des zones d’occupation féministes.

Tout bloquer ! Provoquer une grève générale pour montrer que le peuple est là et qu'il entend bien reprendre la rue, à défaut d’être écouté dans les urnes.

Une question reste toutefois (encore) en suspens : qu'en sera-il du mouvement sportif ? Va-t-il répondre à l’appel et rejoindre des cortèges locaux ? Les fédérations françaises, qui encore très récemment s’insurgeaient de la diminution drastique du budget alloué au sport avec la campagne « Carton rouge à Bercy », vont-elles appeler leurs membres à se mobiliser ? Les clubs fermeront-ils leurs portes en signe de solidarité ? Les athlètes prendront-iels position pour demander, eux aussi, plus de justice sociale et fiscale, et peut-être en finir avec l'ère des cagnottes Leetchi ?

En clair, qui, dans le monde du sport, choisira de faire corps avec la mobilisation ?
En cette journée du 10 septembre, voici les questions qui nous habitent.

Merci de nous lire et belle journée à toutes et tous.
Clothilde et Sylvain

5 questions à…

5 Questions à…, ou la rencontre d’un·e sportif·ve en carrière ou retraité·e, qui comme nous, pense qu’un autre sport est possible.

Noémie Equy
Concilier sororité & alimentation durable

Snowboardeuse professionnelle et championne du monde 2025 sur le Freeride World Tour, Noémie Equy est aussi passionnée de cuisine végétale. Elle a cofondé Sisters Camp, un projet qui reflète son envie de concilier sororité, promotion du sport féminin, transmission et alimentation durable, et dont la seconde édition se tiendra du 15 au 19 octobre.

C’est quoi ta vision d’une pratique sportive écolo et stylée ?

Je suis fan de sports de plein air, donc pour moi, c’est une activité qui se pratique en pleine nature, dans le plus grand respect de cet environnement, afin que nous puissions continuer à y évoluer le plus longtemps possible. Le sport reste avant tout un jeu, un loisir. Nous devons le pratiquer de la manière la plus responsable possible.

Quel est ton souhait pour l’avenir du snowboard ?

J'en ai beaucoup (rires) ! C’est un sport merveilleux, porté par une chouette communauté, donc mon premier souhait serait qu'il puisse perdurer dans le temps. Mais pour y parvenir, nous devons commencer par réduire notre impact, et notamment en ce qui concerne nos déplacements (en avion ou en hélicoptère), les déclenchements d'avalanches, etc. Faire moins, mais mieux.

Ensuite, j’aimerais qu’on continue d’inclure encore plus les femmes. Car, même si ça a déjà beaucoup changé, notamment quand je compare mon parcours avec celui d’Anne-Flore Marxer, que vous avez interviewée, il reste des barrières à lever pour que les femmes aient les mêmes chances d'atteindre le haut niveau que les hommes. Il est encore difficile de décrocher des contrats de sponsoring, d'intégrer des groupes de riders, de bien s'entourer et de se « faire une place » aux côtés des garçons. Il faut continuer à avancer sur ces points.

Pourquoi le sport est politique ?

Tout est un peu politique : le sport, l’art, les entreprises, etc. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en tant qu’athlète, j’essaie de m’engager en mettant en avant le sport féminin et en ne fermant pas les yeux sur les problèmes existants.

Qu'est-ce qui t'a donné envie de lier la cuisine à ta pratique sportive ?

J’aime profondément la cuisine. Comme le snowboard, je trouve que c'est une activité qui demande beaucoup de créativité. Il m'a été facile de lier les deux, car j'ai toujours accordé de l'importance à une alimentation saine et équilibrée pour soutenir ma pratique. Avec le temps, cette approche a pris une dimension plus écologique. En effet, tant que je pratique le freeride à haut niveau, il m’est difficile d’éviter l’avion. Le levier de l'alimentation est plus facile à actionner. Il y a moins de contraintes.

Peux-tu nous parler de l’initiative Sisters Camp ?

C'est un événement que j'ai co-créé avec Philippine Belon, cheffe vegan et fondatrice de la marque Born to Leaves, et Thibaud Adema, préparateur physique et coach de yoga. Ensemble, nous souhaitions organiser un séjour sportif entre femmes de l’univers de l’outdoor, un peu précurseur, qui mettrait au cœur des choses simples : le yoga, la respiration, l’alimentation végétale, le partage et la transmission entre athlètes qui ne sont pas toutes issues de la même génération ni des mêmes disciplines, mais qui partagent des problématiques relativement similaires, et dont certaines ont acquis plus d’expérience que d’autres.

Notre objectif est de créer les conditions pour nous recentrer sur nous-mêmes, sur ce qui nous anime et sur ce que nous souhaitons partager avec les autres. Et en toile de fond, bien sûr, il y a cette volonté de faire avancer le sport féminin, en commençant par nous soutenir les unes les autres, et en incarnant une autre vision du sport de haut niveau, plus équilibrée entre performance et lien social, dépassement de soi et bien-être, réussite et respect de l’environnement.

Aïe, on reporte notre soirée de lancement

Avant notre pause estivale, nous vous annoncions en grande pompe que la soirée de lancement de la saison 2 de Vent Debout aurait lieu le 3 octobre prochain. Mais qu'est-ce qu'un lancement sans changement de date à la dernière minute ? Mea Culpa, on revient vers vous très vite avec plus d’info sur cette belle soirée qu’on vous prépare depuis plusieurs mois.

Pour patienter, on a un programme de fou pour la fête de l’Huma !

90 éditions, ça se fête, non ? Du 12 au 14 septembre sur la Base 217 du Plessis-Pâté, en Essonne, on sera bien présent pour mettre le sport au programme de cette grande fête culturelle et politique.

Vendredi, vous pourrez retrouver Clothilde en direct sur la chaîne Twitch du journal l'Humanité à 16h00 pour une émission avec Ayodélé Ikuesan, Sylvie Eberena et Mejdaline Mhiri à l’animation. Ces dernières discuteront de l’année sportive qui vient de s’écouler, avec un prisme politique.

Dimanche, c’est sur le stand de la FSGT que Clothilde sera présente pour participer au podcast Paroles en jeu ! Sport populaire et luttes écologistes de 10h00 à 12h00 avec Joaquim Loriot et Emmanuelle Bonnet Oulaldj. Et à 13h30, sur le stand de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) pour animer la table ronde Sport et émancipation en Palestine qui suivra la projection du film Resistance Climbing (dont on vous a déjà parlé ici). Un échange avec notamment Afraa Mohammad et Hani Suliman.

N’hésitez pas à passer nous faire un coucou et à nous écrire si vous êtes de passage sur ce grand événement de la rentrée politique.

C’est tout pour ce mois de septembre

À bientôt et n'hésitez pas à partager cette infolettre à vos ami·es & à nous laisser des commentaires en répondant directement à cet e-mail, on lit tout !